:,: – Article proposé par David JOB, Consultant en Excellence Opérationnelle – :,:
Apres avoir mené à bien un projet 5S, retrouvez les aventures de Daniel qui doit mener un nouveau projet d’excellence opérationelle pour son patron Roger Goupil au sein de l’entreprise Mecotransfert, qui vient de perdre un très gros appel d’offre au profit du petit dernier arrivé sur le marché… Il faut à tout pris se repositionner …En plus, cette fois, les américains sont sur le dos!
Prologues :
J’avais toujours rêvé de prendre les rênes d’un gros projet et je dois l’avouer que c’est un peu cela qui m’avais motivé lorsque j’avais postulé chez Mecotransfert, il y a de cela bientôt 4 ans.
Mais au fur et à mesure, ma flamme s’était un peu éteinte et mon rôle consistait surtout à mettre aux normes l’usine et à surveiller une équipe de contrôleurs qualité chevronnés qui se débrouillait très bien sans moi.
Bien sur il y avait eu ce projet 5S, mais depuis, rien de bien excitant m’avait été proposé.
Roger Goupil, notre directeur avait les qualités d’un bon chef : il était ferme mais charismatique, visionnaire et empathique, mais il avait un gros défaut : il manquait de témérité et hésitait à se lancer dans des changements drastiques ; même lorsqu’il avait le sentiment que cela marcherait, il était pris de panique soudaine et rechignait à concrétiser sa vision.
Conclusion l’usine tournait toute seule, rapportait ses millions de chiffre d’affaires annuels, ce qui était suffisant pour payer ses fournisseurs et son personnel et satisfaire ses actionnaires.
Ce côté ronflement, plutôt que de me conforter commençait à m’énerver sérieusement… Mes journées étaient monotones, mes semelles pesaient lourds lorsque je quittais mon domicile, et mes yeux étaient rivés à l’horloge du PC à longueur de journée.
J’en étais arrivé à invoquer les patrons des métallurgistes pour qu’il se passe un jour enfin quelque chose, tout en épluchant les petites annonces des offres d’emploi – car assurément l‘herbe était plus verte ailleurs – lorsque se produisit le miracle attendu.
Comme à son accoutumé, lorsque la situation est sérieuse, c’est par téléphone que Roger Goupil me convoqua dans son bureau.
– Daniel, vous avez une minute ?
Question purement rhétorique… Je m’ennuyais comme un rat mort, je pouvais lui consacrer une demi-journée, s’il voulait…
Je fis quand même semblant de réfléchir avant de lui répondre, histoire d’avoir l’air de consulter un agenda virtuellement booké
– Bien sur boss… J’arrive !
Je me demandais quand même ce qui se passait, la dernière fois qu’il m’avait appelé de la sorte, et sur ce ton, c’était justement avant de se lancer dans l’amélioration des procédés, et si mon intuition était bonne, je ressortirai tout à l’heure de son bureau avec de quoi me remotiver sérieusement !
Avant de pousser la porte, je poussai une grande respiration, m’essuyai les mains moites sur mon pantalon et fermai les yeux en invoquant Juran, Deming et confrères afin que mes pressentiments soient les bons.
Roger n’était pas seul :
A ses cotes, Thierry Dubois, le directeur recherches et développement, enfin surtout recherche, car il n‘ avait rien développé depuis son arrivé ; et Monsieur Robertson, notre patron américain.
Si ce dernier avait fait le déplacement, ce n’était surement pas pour visiter l’Atomium, l’heure devait surement être grave, ce qui se confirmait avec les tètes d’enterrement des Roger et Thierry
Soudain je vis ma vie d’usine défiler devant moi – cela tenait plus du court métrage en noir et blanc que du péplum ! : mon engagement, la négociation de contrat, la présentation au personnel, le projet 5S les 2 années qui s’en suivirent… Je m’imaginais ensuite retourner dans mon bureau un carton vide à la main, le responsable informatique sur mes talons, pour m’empêcher de partir avec les données… Adieu veau vache cochon… Bonjour bureau de l’emploi !
Daniel fronça les sourcils, enleva ses lunettes et m’annonça d’une voix chevrotante :
– SteelPro…
– Eh bien, quoi SteelPro ?
SteelPro était le dernier arrivé sur la place des fabriquant de composant mécaniques, une petite boite monté par deux anciens collaborateurs remerciés par un major du secteur.
C’était une PME qui n’avait rien pour inquiéter Mecotransfert : petite gamme sans niche, qualité moyenne des pièces, prix équivalent à ceux du marché, petit portefeuille client…, du moins c’est ce que l’on nous avait toujours fait croire….
– Steelpro vient de remporter l’appel d’offre pour Airflight !
J’étais en train d’essayer de voir en quoi cette nouvelle devait m’inquiéter : à ma connaissance, Airflight n’était pas un client et nous n’avions jamais répondu à cet appel d’offre… Mais j’imaginais que ce ne serait pas la réponse la plus appropriée, je pris donc un ton grave et répondis :
– Mince ! On va faire quoi maintenant ?
– Daniel, pourquoi je vous ai fais venir, à votre avis ?
Un rapide balayage du regard à 180 degrés et je commençais à comprendre :
Apparemment le succès du 5S avait dépassé nos frontières et avait intéressé les américains, nos résultats avait été excellents à la suite de la mise en place de la méthode et cela ne les avait pas laissé indifférent, comme Roger Goupil n’est pas un ingrat, il avait dû leur parler de moi, et j’ai probablement du hérité du surnom de Mister Better…
Nous fabriquions toujours la même chose depuis 20 ans ; il fallait commencer à employer des trouveurs plutôt que des chercheurs ; il était probablement temps de réfléchir à se démarquer sur le marché et a sortir de notre léthargie,Thierry avait été convoqué pour une petite piqure d’amphétamines.
– Et comment voulez-vous que nous nous différentions ?
Différentiation, le mot était lâché … le seul moyen de reconquérir des parts de marche et d’appréhender sans crainte l’émergence de jeunes challenger de la profession.
– Thierry a une idée, il vous en parlera… Je compte sur vous pour diriger le projet, vous démarrez des a présent.
Et voila comment en l’espace de 5 minutes, je suis passé d’un responsable qualité « pépère » à un chef de projet dynamique, portant toute la responsabilité du positionnement de l’usine sur ses épaules, ce qui bien sûr me réjouissait au plus haut point.