– Bon, Thierry ; on y est arrivé, non ?
Il regarde son soda en souriant puis lève les yeux et me répond à voix basse :
– En effet, merci Daniel.
Je n’eus pas le temps de lui préciser que je n’avais fait que booster et coordonner les choses que mon bras fut capté par René Goupil.
Il m’emmena de l’autre côte de la salle, près du buffet, où se tenait M Robertson.
J’eus droit aux honneurs à l’américaine classique : discours, médaille avec photo dans un beau cadre doré…, en vérité. Cela plutôt que de me réjouir me mettait mal à l’aise, car d’une part, j’avais fait mon travail et ensuite c’était l’aboutissement d’un travail d’équipe que l’on célébrait et les honneurs leur revenaient autant si pas plus.
Comme si il avait lu dans mes pensées, Roger Goupil avait annoncé qu’il avait obtenu le budget pour organiser une journée de fun un prochain dimanche, pour remercier toute l’équipe projet, et toute l’usine, car on ne pouvait absolument pas dissocier les succès des uns à la contribution des autres.
Deux heures plus tôt, nous avions présenté les résultats de nos travaux et je dois dire que les gars avaient fait du bon travail :
Nous avions réussi à atteindre les valeurs de benchmark, les délais seraient réduits de moitié, les idées de Thierry s’avéraient être parfaites pour se repositionner et les coûts maitrisés de sorte que nous dégagerions une marge suffisante.
Tout cela chiffres et diagrammes a l’appui…
Notre value Stream mapping avait fortement impressionné M Robertson et les 10 actions retenues lui avait paru pertinentes.
Il n’y avait plus qu’à retrousser les manches et lancer les différents projets dont certains avaient quasiment déjà était mis en place comme le détrompeur sur la machine-outil centrale…: rien que le premier jour nous avions réduit d’un tiers les mauvaises pièces, ce qui était au delà de nos espérances…
Ce sont probablement ces quickwins qui ont convaincu M Robertson du bien-fondé de notre méthodologie
Quoi qu’il en soit, j’avais été élevé au titre de Lean Champion, Roger Goupil respirait un peu, car d’après le nouveau plan que nous avions défini, Mecatransfert n’avait plus rien à craindre de Steelpro et une nouvelle niche avait même été identifiée.
M Robertson avait son avion dans la soirée, il prit congé de nous, Roger Goupil l’accompagna jusqu’à son taxi.
J’en profitais pour partir moi aussi… J’étais encore un peu sur mon nuage, je regardais ma photo dans le cadre doré en souriant… Pour la première fois depuis longtemps, je rentrais chez moi avec le sentiment d’avoir vraiment accompli quelque chose pour cette usine.
:,: – Article proposé par David JOB, Consultant en Excellence Opérationnelle – :,: