:: – Article proposé par Cyrille Hurstel, Consultant en organisation – ::
:: – qualité et méthodes au sein du Conseil général du Bas-Rhin – ::
Dans l’analyse d’un système, le recours à un modèle permet d’accélérer la recherche de solution. Dans le sens où si la situation analysée ressemble à un schéma connu, alors le modèle montre à quoi peut ressembler la solution. C’est comme si on savait déjà où chercher et ainsi démêler l’écheveau de la complexité plus rapidement.
Dans les apports de la théorie des contraintes se trouve une règle simple. Il n’existe que 4 types de contrainte.
- la contrainte de ressource : le système est limité par une ressource interne qui donne le rythme de production sur la ou les étapes où elle est utilisée,
- la contrainte politique : le système est limité par un paradigme qui conduit à des règles de fonctionnement qui sont désormais inadaptées,
- la contrainte de marché : le système est limité parce qu’il n’a pas assez de clients,
- la contrainte stupide : le système est limité par une ressource abondante et pas chère à l’instant t et il suffirait d’en acquérir pour augmenter drastiquement les résultats.
J’ai choisi aujourd’hui de faire un zoom sur ce dernier type de contrainte même si je traiterai les autres à l’avenir. Une contrainte stupide peut être levée presque immédiatement sans investissement ni remise en question profonde, car si c’était le cas, on serait dans le cas d’une contrainte politique.
Voici un exemple de processus d’entretien des routes qui a été limité par une contrainte toute bête.
Pour qu’une route soit pérenne, elle a besoin d’être étanche. Si l’eau s’infiltre dans des fissures, les désordres sont garantis. Quand on a plein d’argent, on attend un peu et on refait la couche de roulement. Quand on a moins d’argent, on fait des enduits. Que faut-il pour faire des enduits ?
- de l’argent disponible sous forme de crédits,
- une entreprise titulaire d’un marché pour faire les travaux,
- des agents pour contrôler et mettre la signalisation en place.
Le code des marchés publics impose de totaliser tous les besoins annuels pour déterminer la procédure de mise en concurrence. Donc on passe un marché à bon de commande en totalisant tous les besoins d’un département sur une ou plusieurs années. Les besoins peuvent être estimés, donc il faut fixer un montant minimum et un montant maximum qui était limité à 4 fois le montant minimum, et hop, chaque subdivision va faire appel au même marché pour mettre en oeuvre son programme d’entretien.
Pour bien faire quand on cherche la contrainte de ce processus, il faudrait exprimer toutes les étapes et trouver celle qui a la capacité la plus faible. Pas besoin d’aller aussi loin. J’ai rencontré un cas d’une subdivision qui avait les crédits, qui disposait des agents, qui avait des sections de routes à traiter, mais le montant maximum cumulé prévu dans le marché était atteint !
Par analogie à une démarche Lean, il y a troix freins à la performance au sein de l’entreprise:
– Les gaspillages: les 8 types de gaspillage.
– La variabilité: quand il y a manque de standardisation.
– la rigidité: Quand un système ne peut s’adapter facilement aux demandes des clients.
Cordialement,
Mohammed MAZOIR
Ou classer la contrainte suivante?
Une entreprise produit un très bon produit a un prix que ses clients ne peuvent payer
Cas des voitures fabriquées en France et de beaucoup d’autres produits fabriqués en Europe.
Il y a longtemps que cette contrainte est diagnostiquée et pourtant non éliminée.
Comment faire avec les doubles contraintes?
Robotiser et faire disparaître l’emploi peu qualifié?
@Roger
Si tes clients ne peuvent pas payer, c’est que tu n’as pas assez de clients. Donc la contrainte est dans le marché.
Il est normal qu’elle ne soit pas éliminée car c’est la plus répandue dans notre monde en surproduction.
cyrille
@Cyrille,
Je rebondis sur « Si tes clients ne peuvent pas payer, c’est que tu n’as pas assez de clients. » C’est tout à fait juste, plus on a de client, plus les taux d’utilisation des machines augmentent, plus les coûts de production baissent, plus il est possible d’ajuster son prix de vente et sa marge au marché. Cela suppose par avance que le produit réponde aux besoins du marché visé.
Mais de la à dire que « Donc la contrainte est dans le marché. » c’est un raccourci par delà bien trop rapide. Par exemple, elle peut être interne à l’entreprise quand celle-ci n’est pas à même de proposer un prix de vente en accord avec le marché parce qu’elle ne possède d’outils d’analyse économique suffisamment pertinent et précis pour lui permettre de mesurer le risque encouru sur le résultat qu’une proposition de prix de vente inférieure au prix de revient aurait sur le volume supplémentaire généré.
Patrice
Tout à fait. Le marché doit être maîtriser par l’entreprise sinon il sera impossible de fixer ces prix
Cyrille, bonjour,
Contrairement à tes interlocuteurs précédents, je ne suis pas convaincu sur la forme et sur le fond par ton affirmation : « Si tes clients ne peuvent pas payer, c’est que tu n’as pas assez de clients ».
Je pense que tu devrais dire quelque chose comme « Si tes prospects ne peuvent pas payer [le produit que tu leur proposes], alors tu ne fais pas les ventes que tu espérais » et « Si tu ne fais pas les ventes que tu espérais, alors ta marge est insuffisante ».
La question qui me vient à l’esprit est pourquoi les prospects ne peuvent pas payer le prix demandé pour un produit qui répond à leur besoin (c’est l’hypothèse dont a besoin Patrice), mais pas à leur perception du prix ou leurs moyens.
Et Patrice nous dit que la contrainte n’est pas dans le marché, mais peut-être dans la capacité de l’entreprise à évaluer le prix qui lui permettrait de mettre son produit à la portée de prospects plus nombreux pour les transformer en clients.
La question de fond est alors comment l’entreprise fixe-t-elle ses prix ? Là où cela commence à m’intéresser c’est lorsque Patrice nous dit que l’entreprise devrait posséder « des outils d’analyse économique suffisamment pertinents et précis pour lui permettre de mesurer le risque encouru sur le résultat qu’une proposition de prix de vente inférieure au prix de revient aurait sur le volume supplémentaire généré ». Pour faire plus simple, de combien je devrais baisser mon prix pour augmenter mes ventes et est-ce que l’augmentation du volume vendu compenserait la baisse de marge unitaire consentie.
Il n’existe pas, à ma connaissance, sur le marché d’outils prévisionnels réellement pertinents comme Patrice les appelle de ses voeux, bien que les marchands de logiciels lancent régulièrement des NIDAGs (nouveautés inutiles destinées aux gogos). En fait, le raisonnement est vicié à la base comme le savent, entre autres, et le démontrent facilement les praticiens de la comptabilité du Throughput (issue de la Théorie des Contraintes) : la notion de prix de revient est un fantôme mathématique et tout raisonnement fondé sur sa base est faux, sauf dans des conditions tellement restreintes qu’il n’est même plus utile d’en parler.
Alors, après tout cela, la contrainte est-elle dans le marché (moins de demande que d’offre). Espérons que non et que ce soit plutôt l’utilisation de concepts obsolètes (prix de revient, maximisation des utilisations et des efficiences tous azimuts, taux de rendement synthétiques, réductions de coûts indifférenciées, taille des lots, minimisation des coûts fantomatiques, etc.) qui cause ce décrochage de l’entreprise avec son marché.
Les solutions qu’offre la Théorie des Contraintes en se référant au Throughput permettent à peu de frais et sans logiciel hermétique d’aligner partout le comportement de l’entreprise sur son but : gagner de plus en plus d’argent maintenant et dans le futur.
Bien cordialement.
Joël
Bonjour à tous,
Moi personnellement je rejoins « Joël » dans son analyse, car l’activité vendue de l’entreprise (les produits) est généralement limitée par une capacité « le goulet » que ça soit, une capacité de vente, une capacité de production ou autres…
Grosso modo, toute action qui a pour objectif d’augmenter non seulement la quantité de vente des produits mais aussi leurs prix de vente, doit nécessairement agir sur la capacité du goulet, d’où l’intérêt de la TOC (Théorie des contraintes) qui se concentre sur l’identification et l’amélioration de cette contrainte afin d’augmenter le Throughput.
Bien cordialement
H.G