La mise en œuvre de la théorie des contraintes repose sur 5 étapes :
- 1- Identifier la contrainte
- 2- Exploiter la contrainte
- 3- Subordonner toutes les ressources à la contrainte
- 4- Élever la contrainte
- 5- Revenir à l’étape N°1 pour identifier la nouvelle contrainte.
Face à la spécificité des problématiques industrielles, où notamment la question de l’investissement dans de nouvelle machine impose des ressources capitalistiques importantes, Philip MARRIS propose une approche légèrement différente qui consiste à choisir sa contrainte et de s’y tenir (la première étape devient donc choisir la contrainte, et la 5ème étape disparait car si on a bien choisi sa contrainte, il n’y a pas de raison d’en changer).
L’idée de Philip MARRIS est de dire qu’il existe des ressources qui représentent LA MOINS MAUVAISE CONTRAINTE. Personnellement je préfère dire que ces ressources sont contraintes par nature, où même qu’elles représentent la contrainte idéale.
Ce peut être un four qui nécessite un temps de traitement nécessairement plus long (temps de chauffe + temps de refroidissement). Ce peut être des machines dont le coût d’investissement est tellement conséquent qu’il sera difficile d’élever la contrainte en investissant dans un nouveau modèle…
Bref, comme vous le voyez il existe des cas où la méthode en 5 étapes peut être affinée…
Mais au regard de ces problématiques industrielles on se rend compte que la méthode en 5 étapes est beaucoup plus universelle que la méthode en 4 étape. Effectivement dans la gestion de projet de la chaîne critique la ressource contrainte peut passer plus facilement d’une ressource à une autre. C’est malheureux à dire, mais les hommes se remplacent plus facilement (en terme de logistique et de coût) que les machines.
Dans les processus administratifs, la ressource contrainte peut également varier plus facilement dans le temps. Par exemple des obligations légales (clôture comptable, déclaration TVA…) peuvent facilement engorger le service comptabilité sur une courte période. Mais en dehors de ces périodes, le service comptable ne sera certainement pas considérer comme ressource contrainte.
Dans un souci d’universalité de la méthode, cette méthode en 5 étapes reste donc à privilégier…
Mais avant de rentrer dans cette boucle d’amélioration continue, il y a une étape 0 dont nous ne pouvons pas nous faire l’économie !
Je m’en suis rendu compte par la difficulté que j’avais à transposer la TOC dans le monde des services…
Cette étape 0 c’est : DECOMPOSER LE PROCESSUS !
Eh Oui, dans le cadre d’un processus de production la question ne se pose pas puisque l’enchaînement des tâches va de soi. Mais pour tous les autres processus, la question de la décomposition du processus n’est pas aussi évidente.
Dans les services par exemple il est fréquent qu’une même personne (ressource) travaille sur différentes tâches d’un processus… Tâches qui peuvent également être discontinue dans le temps. Dans ce cas, il faut bien connaître les différentes étapes du processus avant de pouvoir identifier la contrainte.
Si nous poussons à l’extrême cette idée, nous trouvons des ressources qui sont en charge de l’ensemble d’un processus. C’est l’exemple notamment du processus commercial où bien souvent le représentant gère tout à la fois :
- L’identification des prospects
- Le phoning pour la prise de rendez-vous
- L’organisation des tournées de rendez-vous
- La réalisation des rendez-vous
- La prise d commande
- Le suivi de la commande
- …
Que faut-il faire dans ce cas ? Faut-il faire le deuil de l’optimisation du processus par la théorie des contraintes car le processus est mono-ressource ?
Non, bien évidemment non ! Il est tout à fait possible d’améliorer ce processus avec la théorie des contraintes ! Pour cela il suffit de décomposer, comme je viens de le faire. Une fois ce travail de décomposition réalisé, l’identification de la contrainte est beaucoup plus facile.
Si vous regardez ce processus, vous pouvez voir que c’est la rendez-vous chez le client la contrainte car c’est du rendez-vous que va dépendre le débit d’argent de l’ensemble du processus. A partir de là il suffit de ne laisser au représentant que cette tâche et d’intégrer toutes les autres tâches à l’intérieur de l’entreprise.
Cette amélioration tombe sous le sens quand on sait comme il est difficile de trouver de bonnes ressources commerciales.
C’est la raison pour laquelle, je préconise une étape 0 : DECOMPOSER LE PROCESSUS pour rendre la TOC encore plus universelle qu’elle ne l’est aujourd’hui ! 😉
Que pensez-vous de cette nouvelle formalisation ? Est-ce que vous adhérez ou est-ce qu’elle vous semble inutile car ça tombe sous le sens (même s’il m’aura fallut deux ans d’intérêt pour la TOC pour la trouver…) ? 😉
Très pertinent. Les processus ne vont pas de soi dans les services. Il m’est arrivé d’avoir besoin de 3 ans de démarche qualité pour découvrir 2 processus là où tout le monde n’en voyait qu’un. Pourquoi ?
Mis en oeuvre par les même personnes avec le même objectif en l’absence totale de mesures.
Merci Cyrille pour ce retour d’expérience très intéressant. Voilà une belle preuve des innombrables opportunités d’optimisation des processus dans les services ! 😉
Bonjour,
Bill Dettmer définit également une étape préliminaire, celle de l’établissement du but du système considéré et des conditions nécessaires à sa réalisation. Il s’agit de l’IO Map décrit dans son dernier livre (Logical Thinking Process).
Je rejoins complètement Philip lorsqu’il s’agit de définir la moins mauvaise ou la meilleure contrainte. Modifier la contrainte revient à décider de totalement modifier son organisation, ses processus, ses procédures. Décision lourde de conséquences.
Le choix de la contrainte dans une organisation peut alors s’appuyer sur une autre théorie, la RBT (Resource Based Theory) de Barney par exemple.
Cordialement,
Merci Pjk pour votre participation toujours aussi enrichissante ! 😉
Effectivement, la définition du but du système peut être utile en amont de l’amélioration… Nous ne sommes plus là sur l’amélioration d’un processus en place, mais sur l’alignement des processus sur un objectif, ce qui correspond à une autre problématique.
Je vais me replonger dans le livre de Dettmer pour regarder comment il traite ce sujet ! 😉
Au plaisir.
Florent.