:: – Article proposé par Cyrille Hurstel, – ::
:: – Consultant en organisation – ::
:: qualité et méthodes au sein du Conseil Général du Bas-Rhin » – ::
Pour lire ou relire l’épisode 1 » Un « client mystère » pour mesurer la satisfaction client dans une situation inhabituelle « : c’est par ici !
Pour l’épisode 2, » Comment tester vos procédures en cas d’accident ? « : suivez ce lien!
Pour l’épisode 3, » Le diagnostic « : suivez ce lien!
Pour l’épisode 4, » L’entrée des urgences « : suivez ce lien!
Pour l’épisode 5, » Les bons de transport au petit matin « : suivez ce lien!
Pour l’épisode 6, » Faire bien du premier coup « : suivez ce lien!
Pour l’épisode 7, » La personne de confiance « : suivez ce lien!
suite du récit
Quand le récit va s’interrompre
En cours d’après midi, un homme m’emmène au bloc opératoire. En chambre d’admission, une aide soignante me désinfecte une fois de plus le pied et le mollet qui a été rasé auparavant. Elle manipule mon pied comme s’il était fonctionnel, ce qui est plus que désagréable. Elle se fait sermonner par l’anesthésiste qui lui assure que c’est très douloureux sur un tendon d’Achille rompu. Pourquoi est-ce qu’il ne les forment pas ? Pourquoi ne les informent-ils pas ?
Il est tout à fait normal d’avoir une forte hiérarchie entre les personnels dans un bloc opératoire car il serait aberrant de former tout le monde pendant des années pour atteindre le niveau du chirurgien et leur confier du travail sous qualifié par la suite. Cependant, la transmission d’information sur le tas peut se faire également. Il n’est pas très compliqué de comprendre que les patients qui se font opérer pour des ruptures ou des fractures ont des membres qui sont abimés ! On ne peut plus en faire la même chose qu’avant.
Voilà que l’on reparle de mes analyses de sang, qui sont arrivées au deuxième étage mais pas jusqu’au bloc opératoire. Est-ce qu’ils pensent que j’ai une clé USB cachée où je pense avec les résultats d’analyse ?
Après m’être une fois de plus énervé à ce sujet, l’anesthésiste me pique, je sens ma main gauche devenir toute froide et je sombre. Je n’ai pas d’autres souvenirs.
Je me réveille dans une salle dont j’ai peu de souvenirs puis on me ramène dans ma chambre. Ma vision est perturbée, comme les vieilles télévisions quand elle faisaient défiler les images verticalement. Je m’endors et me réveille sans cesse. Je n’ai pas mes lunettes et ne distingue donc presque rien de mon environnement. Les rêves se mélangent aux évènements réels. Le chirurgien passe dans la nuit ou en fin de journée, comment savoir, pour me donner quelques informations :
Ne pas enlever la botte avant 3 semaines, l’opération s’est bien passée.
C’est ce que je dis à mon épouse quand elle appelle plus tard. Je répète la même chose à une infirmière qui s’étonne du passage du chirurgien.
Ai-je rêvé du passage du chirurgien ?
En matière de traçabilité, ma mémoire est à ce moment sujette à caution. Si j’ai rêvé, j’ai alors inventé qu’il veut me voir une semaine plus tôt que le rendez-vous déjà fixé et qu’à ce moment là, j’ai eu le réflexe de lui tendre mon dossier papier pour qu’il y écrive l’information.. J’ouvre le dossier et je trouve la page du rendez-vous post-opératoire portant la mention manuscrite :
avancer d’une semaine.
Voici enfin un enregistrement qui prouve que je n’ai pas rêvé toute cette histoire.
J’espère que cet exemple illustre le besoin de traçabilité et l’importance des enregistrements dans un processus de santé. Ce n’est pourtant pas très difficile et cela ne prend pas beaucoup de temps, et d’autant plus important que j’ai franchement l’impression que le patient joue le rôle de porteur du dossier médical. L’épisode des analyses de sang l’a amplement montré.
Le corps médical doit rencontrer une très grande variabilité dans la qualité du travail fourni par le patient dans ce rôle qu’on lui fait jouer, sans jamais le lui dire d’ailleurs. Pourquoi ajouter un aléas supplémentaire alors qu’il est facilement maîtrisable ?
Cela reste un mystère pour moi.