4 – Le comptable
« Bien, votre situation n’est pas folichonne… ». Le comptable du centre de gestion agréé parcourait d’un œil expert les différentes liasses et états de gestion. « …mais elle n’est pas désespérée ! », ajouta-t-il en regardant Patrick pour la première fois. « Votre activité présente un déficit s’élevant à 14 % de votre chiffre d’affaires et votre trésorerie est vacillante. Mais ne vous inquiétez pas, nous disposons de puissants outils de comptabilité analytique qui vont nous permettre d’établir précisément le coût de revient complet d’un repas type et ainsi sa marge nette unitaire. »
Patrick se souvenait vaguement de ces principes consistant à calculer le coût direct d’un produit pour lui répartir ensuite proportionnellement les coûts fixes de structure et les amortissements. « À partir de ces analyses, nous pourrons cibler les causes de votre déficit et identifier les mesures qui nous permettront d’atteindre une marge nette unitaire de 14 %. Vous voyez c’est d’une logique et d’une simplicité biblique ! » N’ayant pas beaucoup usé les bancs de l’école, Patrick ne pouvait qu’admettre ces éclairages et accepter ces recommandations. Et c’est ainsi que, la mort dans l’âme, il avait dû s’équiper du couple infernal congélateur/micro-ondes, la perte matière ressortant comme une cause importante de son déficit. Le comptable lui avait indiqué qu’il sera dorénavant inévitable d’acheter des produits beaucoup moins chers en favorisant les grandes surfaces spécialisées en métiers de bouche.
Les frites « maison » ressortaient par exemple avec un coût complet très largement supérieur à celui des frites surgelées que l’on pouvait y trouver pour rien. Enfin, il conviendra de réduire un peu les portions et d’augmenter légèrement les prix pour atteindre l’objectif visé. Patrick savait qu’il n’avait plus le choix, il avait tout investi dans cette aventure !