Dans le game design, il y a deux types d’actions :
Les actions opératoires : Ce sont les actions de base que les joueurs peuvent faire. Par exemple pour le jeux de dames, il y a seulement 3 actions opératoires :
- Bouger un pion en avant,
- Sauter par dessus un pion adverse,
- Bouger un pion en arrière (uniquement valable pour la dame).
Les actions résultantes : Ce sont les actions qui n’ont de sens dans le jeu que sur le long terme. Elles sont fonction de la manière dont le joueur utilise les actions opérationnelles pour atteindre un objectif. Fatalement, la liste des actions résultantes est généralement plus longue que celle des actions opérationnelles. Si nous revenons à notre exemple du jeu de dames nous avons :
- Empêcher un pion d’être capturé en bougeant un autre pion derrière lui,
- Forcer un adversaire à faire un saut qui ne l’arrange pas,
- Sacrifier un pion pour leurrer son adversaire,
- Construire un « pont » pour protéger sa ligne arrière,
- Bouger un pion jusqu’à la ligne arrière de l’adversaire pour le transformer en dame,
- … et beaucoup d’autres encore.
Vous l’aurez compris, les actions résultantes sont des actions émergentes qui naissent de la combinaison des actions opératoires. Ainsi, tout l’art du game design est de minimiser les actions de base tout en maximisant le nombre d’actions résultantes qui en émergent !
En effet si nous imaginions un jeu avec un ratio d’une action résultante pour une action opératoire, nous serions vite dépassés par le nombre d’actions à apprendre et mettre en oeuvre pour voir le jeu avancer. Sans compter qu’un tel jeu ne bénéficierait d’aucune stratégie et serait vite lassant… Un bon exemple est celui de la bataille où la seule action opératoire consiste à poser une carte. Pas très réussi comme jeu… 🙁
Comment cela se traduit dans l’excellence opérationnelle…
Dans le Lean nous recherchons exactement la même chose ! Nous optimisons le processus en réduisant le nombre d’opérations et en recherchant les synergies pour faire émerger des actions résultantes.
Par exemple quand nous privilégions la polyvalence des opérateurs, nous augmentons le nombre d’actions opératoires sur une personne, ce qui va nous permettre de démultiplier les combinaisons de tâches affectées à cette personne.
De la même façon lorsque nous concevons nos produits de façon modulaire, nous démultiplions les possibilités pour un seul produit.
Par ailleurs, lorsque nous construisons une cellule de travail, nous utilisons l’action de base nécessaire qui consiste à aller sur chaque poste pour générer une action résultante de mise en oeuvre du processus complet.
Vous l’aurez compris, pour optimiser les processus il convient de démultiplier les actions résultantes à partir de quelques actions opératoires… Pour cela nous pouvons :
- Démultiplier les actions possibles par opérateur (C’est l’idée de l’inspecteur gadgets)
- Pour une action donnée, démultiplier le nombre de tâches effectuées (C’est l’idée du « 2 pour le prix d’un », ou encore celui « d’allier l’utile à l’agréable »),
- cerner les effets secondaires d’une action pour les tourner à notre avantage.
De votre côté, qu’est-ce que ce principe du game design vous inspire dans votre approche de l’optimisation des processus ? Quels sont les leviers que vous activité pour accroitre l’efficience de vos processus ?
PS : Vous l’aurez compris, une fois de plus cet article m’a été inspiré par la lecture de l’excellent ouvrage « L’art du Game Design » de Jesse SCHELL.
A une différence près, Florent : aux Dames, comme aux Echecs, attention à ne pas réfléchir trop longtemps avant de jouer un pion ! Le Lean nous enseigne de préférer agir (au sens petit pas) quitte à se tromper plutôt que trop réfléchir pour choisir *LA* meilleure solution !
Ceci étant, l’objectif final est effectivement bien d’aboutir à un résultat (gagner le jeu) en moins de coups possibles.
Tu utilises le jeu de dame comme exemple.
Le jeu de Go est également utilisé comme analogie avec le management afin de comprendre ses enjeux et la gestion de la complexité.
Ce post est un régale pour moi, jeune diplômé passionné par le jeu (de société, de rôle, de plateau…) et sur le point de rentrer au coeur de l’organisation industrielle.
« L’art du Game Design » semble donc être un must.
Merci !
Bonjour Corentin,
Je ne connais pas le jeu de Go… Mais je me pencherai dessus à l’occasion.
Effectivement « L’art du Game Design » est un must have ! 😉
A bientôt.
Le jeu de Go est un jeu chinois dont le but est de créer le plus de « territoires » possible en interconnectant ses pions les uns avec les autres, tout en coexistant avec les territoires adverses.
Très stratégique, la partie se construit pierre (=le pion) par pierre.
Bref, comme toujours, le mieux reste d’y jouer car il y a beaucoup de subtilités difficiles à visualiser autrement 😉
Effectivement l’émergence des situations semble au coeur de ce jeu.
Si tu ne l’as pas lu, je t’invite à consulter cet autre article sur le sujet… 😉
https://www.excellence-operationnelle.tv/comment-lart-du-game-design-nous-en-apprend-sur-le-principe-de-peter.php
faire une bonne partis avec le meilleur des meillieur