Comment sortir de la gestion de crise ? Aujourd’hui Gustave propose un article qui nous met en garde contre la tendance naturelle des organisations à faire proliférer des pompiers pyromanes.
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« …Et je voudrais remercier Jacques qui a su nous tirer d’un sacré problème : livrer avant que l’absence de nos pièces ne provoque un arrêt de production dont nous n’aurions pas pu supporter les conséquences. Pour tout cela, de tout cœur, merci… ». Applaudissements.
Jacques avait du mal à cacher sa fierté, il faisait un effort pour paraître gêné de tant d’honneurs. Mais en réalité il adorait ces occasions de se faire remarquer publiquement pour sa disponibilité, son abnégation et sa capacité – dans ces situations difficiles – à décider rapidement.
Bien sûr il avait sacrifié le weekend de sa famille en les laissant dans leur location au bord de la Manche, mais son retour précipité dans la nuit de samedi à dimanche avait été un soulagement pour tous.
Il était arrivé vers 23h30 à l’usine, s’était fait expliquer la situation et en quelques minutes avait commencé à donner ses ordres. Arrêter les productions non prioritaires, libérer les équipements pour y faire passer les productions prioritaires, bloquées par une panne majeure d’équipement, organiser la noria des magasiniers pour permettre le flux des produits entrer … Tout cela lui avait procuré la poussée d’adrénaline qu’il appréciait tant.
Bien sûr, les grincheux allaient se plaindre des retards de livraison ainsi que des coûts de remise en état de la porte d’accès (qu’il avait fait agrandir pour faire passer le flux des chariots élévateurs). Mais enfin, on ne pouvait pas faire d’omelette sans casser d’œufs.
Et vous ? Vous connaissez un Jacques ? Un collègue, charmant au demeurant, ravi qu’une situation de crise lui permette de montrer combien il était indispensable. Accumulant les honneurs et gravissant les échelons pour « services exceptionnels rendus à l’entreprise ».
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Mais ne sont-ce pas ces honneurs qui créent les problèmes ?
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Ne serions-nous pas en train de donner un très mauvais message à nos équipes : ce n’est pas en faisant notre travail tous les jours qu’il est possible d’améliorer les grippages dans le fonctionnement. Non, ce qui est salué par les chefs, c’est d’intervenir pour arrêter – au péril de sa vie – la voiture au bord du gouffre.
Existe-t-il un meilleur moyen de favoriser la multiplication des pompiers pyromanes dans l’entreprise ? Que faites-vous pour en limiter la prolifération ?
Au vu de vos retours, la présence de pompiers, heureux de montrer leur bravoure en affrontant les situations qu’ils on parfois contribuer à creer n’est pas une exception.
La question clé est alors: comment construire un mode de fonctionnement qui ne favorise pas leur prolifération?