Cet article rentre dans le cadre du concours de publication… Merci à Gérard pour sa participation ! 😉 Vous avez jusqu’au 19/12 inclus pour participer, n’hésitez donc pas à m’envoyer vos contributions par mail sur f.fouque[AT]excellence-operationnelle.tv
:: – Article proposé par Gérard VAILLANT, Professeur d’EPS à l’INSA de Rennes – ::
:: – coach individuel et coach d’équipe – ::
Jérôme a la pression, il doit réussir le put pour valider son parcours de golf. Et catastrophe la balle passe juste à côté. Voilà comment s’énerver et gâcher la suite du jeu…
Ça c’est fait, feedback ou feedforward
C’est pourtant facile ! Juste 30 centimètres
Jérôme a la pression, il doit réussir le put pour valider son parcours de golf. Et catastrophe la balle passe juste à côté. Voilà comment s’énerver et gâcher la suite du jeu…Il ne comprend pas. Futur ingénieur, il a l’habitude de la réussite. Et le regard de ses partenaires de jeu sur son incompétence. Immanquable ! La honte !
A ce moment, les hormones font leur business et voilà la transpiration, les mains moites, le cœur qui s’emballe et la panique tout cela pour une saleté de petite balle blanche qui n’en fait qu’à sa tête. Autant dire que la suite de la partie n’est pas brillante. Et s’il ne casse pas sont putter de rage contre un arbre, il s’en faut de peu. Mais l’étiquette, les règles de bonne conduite interdisent à Jérôme l’expression d’une juste frustration.
« Je suis nul » vous êtes-vous déjà dit ça?
Le premier réflexe est de juger. Oui mais…
Si Jérôme dit « je suis nul » Il commet une deuxième erreur. Outre de rater son coup (erreur contextuelle de comportement) il généralise et émet un jugement définitif sur sa personne. Cela peut avoir quelques dommages sur son estime de soi.
Si Jérôme, n’exprime pas cette émotion. Il risque de faire la suite de son parcours avec un état émotionnel qui le plombe. Alors…
Un feedback
Si vous êtes expert, en golf, ou en gestion des émotions vous avez sans doute un bon conseil. Vous avez vu le problème et donc du haut de votre expertise vous donnez la solution.
- « Tape plus fort » bien sur
- « Regarde la balle » un grand classique
- « Relâche la pression de tes mains sur le club » Ok
- « Travaille ton putting autant que tes autres coups de golf » ça c’est bien !
- « Pense à ta balle qui tombe dans le trou » j’y avais pas pensé
- « Respire » yacafautcon
- …
Le feedback est important pour prendre conscience de ce qui explique l’erreur. Et comme cela je peux corriger, adapter, changer ou apprendre.
Oui mais, ça ne sert à rien !!!
Ou un feedforward
Ce put vous en conviendrez est raté. Pour toujours.
C’est une action finie et irrévocable. Alors pas besoin d’explications, elles ne servent à rien. Jérôme a fait au mieux.
Je vous propose une option. Posez une question.
« Jérôme, comment tu fais différemment la prochaine fois ? »
Un changement pour changer le résultat final. Et voilà…
Et si Jérôme ne sais pas. Super qu’il cherche de nouvelles options.
C’est la magie du feedforward, qui nous permet de sortir d’une causalité linéaire et de généralisation. L’action est contextuelle. Et l’acteur « Jérôme » est le spécialiste de son problème. Lui demander comment il fera différemment la prochaine fois propose une séparation de fait entre le résultat et l’action.
Jérôme est acteur de son apprentissage et l’ouverture d’une nouvelle option lui redonne la responsabilité et l’autonomie pour peut-être produire un autre résultat.
Les deux mon capitaine
Feedforward + feedback = Une belle complémentarité pour l’excellence opérationnelle.
Et vous dans votre vie, dans votre taf comment faites-vous?
Plutôt dans le constat, dans le jugement, dans le conseil et/ou avez-vous la posture de celui qui ne sais pas et qui laisse la place pour grandir et chercher ses solutions et construire de nouvelles options pour un autre résultat.
Merci de vos commentaires à la lecture de ce billet 😉
Excellent article,
la pertinence du retour et la qualité des futures réponses. Apprendre à s’entraider à se conseiller, à s’encourager, à questionner avec finesse…
Bravo Alain.
Voir le but, pas l’obstacle
En vouloir toujours plus !
Bel article Gérard…Faire autrement pour faire mieux ou produire un résultat qui provoquera un autre changement, voilà qui crée une dynamique salutaire. Et ça ne marche pas qu’au golf !
Même si, pour moi, ce sont plutôt les putts de 50 cm qui évitent consciencieusement le trou…
Gérard,
Je n’y connais rien au golf, mais pour le reste j’ai tout compris, explication claire pourtant je n’ai que bac moins 2 !
Il est donc préférable de trouver une solution pour que le problème ne se reproduise pas, plutôt que de blâmer le responsable du problème…Si cette approche personnelle s’applique bien pour les sportifs de haut niveau, je crois qu’elle peut aussi d’appliquer à nos organisations qui ont (pour beaucoup) tendance à rechercher un responsable (à blâmer) dès qu’il y a un problème….
Nous avons beaucoup à apprendre des sportifs, ils sont depuis longtemps dans la recherche de l’excellence opérationnelle !
Merci Gérard pour cette situation concrète. Avoir un nouveau ou un autre regard… cela semble tellement évident mais qui peut le faire spontanément ????
Il y a du boulot !
Bise
La démarche est très constructive en effet, et fonctionne bien aussi en groupe ou en réunion. L’expression de la charge émotionnelle ou de la mauvaise humeur par rapport au dysfonctionnement ou au coup raté du golfeur a-t-elle un intérêt, avant de savoir comment faire mieux la prochaine fois ? Est-ce même une étape nécessaire ? Pour les agressions fortes oui, mais pour ces cas-là ?
Merci de ce bon rappel en tout cas.
J’ai eu l’occasion de travailler le feedforward lors d’une régate en voile habitable. L’équipage entier se posait la question « demain, même situation, on fait quoi ? ».
Mode de fonctionnement très intéressant que nous avons généralisé.
Excellent article et approche cohérente! A mon sens, toute la difficulté est de pouvoir appliquer cela même dans les situations les plus hostiles (stress, urgence…)
Grâce à Gérard je découvre ce site et cet article si intéressant. Combien de fois se dit-on « mais qu’est-ce que je suis c.. » au lieu de chercher à s’améliorer!
Bonne année à tous.
Sortir du « pourquoi » qui est tournée vers le passé et qui n’apporte pas grand chose sinon une frustration encore plus grande.
Et passer au « comment », tourné vers le futur, vers comment m’améliorer, comment faire en sorte de progresser.