7 – Le déclic
Laurent passait désormais un dimanche par mois avec son frère. Il l’avait sensibilisé au piège du coût de revient complet si bien que Patrick ne jurait maintenant plus que par la Valeur Ajoutée Globale ! Il avait eu le déclic grâce aux frites surgelées : bien que présentant une marge nette calculée supérieure à celle des frites maison, elles généraient beaucoup moins de valeur ajoutée : 1 kg de pommes de terre coûte bien moins cher qu’1 kg de frites surgelées et acheter des produits transformés revient donc tout simplement à externaliser la création de valeur ajoutée !
La démonstration fut édifiante et Patrick comprit ainsi que la ventilation des salaires, des charges fixes et des amortissements distordait outrageusement la réalité au point de conduire à des décisions souvent aberrantes. Il fit alors le lien avec les mécanismes décisionnels qui avaient abouti à la fermeture de son usine et il frissonna. Il s’expliquait aussi la fermeture un peu plus tôt de l’atelier fonderie au profit de carters tout faits venus de Chine. Mais Patrick savait maintenant que la finalité économique de son établissement était de générer de la Valeur Ajoutée à un niveau de Charges Globales d’Exploitation donné, et c’était tout ce qui lui importait pour l’heure !
Ce premier éclairage lui avait permis d’opérer déjà quelques changements et les frites maison avaient ainsi fait leur retour triomphal en cuisine, pour le plus grand bonheur des clients. Bien sûr cela lui occasionnait un peu plus de travail mais, avec le faible niveau d’activité, Patrick ne manquait pas de temps. Et il eut le plaisir de constater que cette simple mesure avait réactivé la fidélisation de certains clients, phénomène qu’il n’avait plus constaté depuis des mois. Cela lui mit du baume au cœur et le conforta. Mais la route était encore longue et Patrick ne voyait pas encore clairement le chemin qu’ils allaient emprunter. Laurent non plus…