La fable du Démon pour vous éclairer sur la philosophie du Lean Management

Connaissez-vous la fable du Démon et des agriculteurs ?
La voici :
 

Le démon marchait le long d’un chemin à travers deux grands domaines dans lesquels des agriculteurs s’affairaient à la récolte.
Il se dit : « Je vais planter un peu de ce que les humains aiment tant : avoir toujours raison ! »
Il se coiffa d’un chapeau dont la moitié droite était verte et l’autre jaune.
– Si vous voulez trouver un trésor, suivez-moi ! cria-t-il aux paysans.
Puis il se cacha derrière un arbre. Les travailleurs coururent jusqu’au sentier.
– Nous allons suivre l’homme au chapeau vert, dirent les hommes du champ de droite.
– Vous voulez nous tromper : nous devons suivre un gars qui porte le chapeau jaune ! s’écrièrent les hommes du champs de gauche.
Le conflit empira.
Une demi-heure plus tard, les paysans avaient oublié le trésor et s’entretuaient à coups de faux pour savoir qui avait raison quant à la couleur du chapeau.

Histoire tirée du livre La Métaphore : voie royale de la communication, de Gérard Szymanski.

Dans les entreprises « traditionnelles », dès qu’un nouveau problème apparaît, il se passe la même chose.

Chacun se fait sa propre représentation du problème :

• C’est lui qui est responsable de ça…
• Si chacun faisait son travail, ce genre de chose n’arriverait pas…
• Si nous avions plus de personnel, on éviterait ce genre de chose…
• Depuis le temps que je dis qu’il faut installer un ERP…
• Faisons une procédure pour la communiquer à tout le monde et le problème est réglé…
• Ce problème est un cas exceptionnel, nous perdons notre temps à en discuter…
• …

Bref, dans les entreprises traditionnelles, les problèmes ont la vie belle car lorsqu’on les voit passer, on passe tout notre temps à rechercher des responsables et à préjuger des solutions.

La « philosophie » du Lean Management est différente… Avant de nous attaquer à un problème, nous construisons une vision partagée de ce problème avec l’idée que derrière chaque problème se cache une opportunité de nous améliorer.

La vision partagée du problème se fait naturellement avec l’utilisation des outils :
 
– Les outils de cartographie des processus permettent de co-construire notre vision du fonctionnement d’un processus
 
– La charte de projet ou l’A3 sont des outils qui synthétisent l’information définie et partagée par tous
 
– Les améliorations proposées donnent lieu à des échanges constructifs sur ce qu’il est possible de faire et ce qui semble plus contraignant. Par ailleurs, c’est le consensus de l’équipe qui donne du poids à l’équipe et non son efficacité intrinsèque. Vous pouvez avoir la meilleure idée d’amélioration, si les opérateurs n’y croient pas et qu’elle n’est pas mise en oeuvre, son efficacité en pâtira sérieusement !
 
– Le morning briefing permet d’échanger sur les problèmes de la veille avec les autres collègues, ainsi le partage de notre vision sur les problèmes devient une routine et non un truc qui nous tombe sur le coin du nez tous les 4 matins
 
– Le Gemba Walk nous amène à nous rendre sur le terrain pour constater ensemble ce qui prose problème (eh oui, les problèmes terrains peuvent difficilement se régler en salle de réunion par des personnes qui n’ont jamais vu le problème en question)

Alors dans quel genre d’entreprise êtes-vous ? Vous retrouvez-vous dans cette équipe d’agriculteurs qui s’étripent pour avoir raison ? Ou alors êtes-vous prêts à discuter pour partager vos avis et construire une vision partagée qui vous mène au trésor ? 😉