:,: Article proposé par Sébastien Barrot, ingénieur mathématicien de formation, actuel Responsable Supply Chain du Groupe Lectra, 17 ans d’expériences dans le domaine de la Supply Chain Industrielle, Gren Belt en Lean et Black Belt en 6-sigmas, passionné par la conduite du changement. Vous pouvez également le contacter sur son profil Linkedin :,:
Souvent devant des dysfonctionnements constatés de notre organisation, on se demande par quel bout prendre le problème ?
J’ai régulièrement des pièces non conformes dans mon flux, que faire ?
J’ai trop de stocks dans mes en-cours, dans mes magasins, que faire ?
Mes prévisions sur le moyen et long terme sont de moins en moins fiables, que faire ?
Devant bon nombre de ces problèmes, je vous invite à explorer une voie unique qui saura être salvatrice : réduisez les délais, comprimez-les ! Ce leitmotiv doit devenir votre obsession que ce soit en tant que Supply Chain Manager, en tant Responsable d’un Bureau d’Etudes ou en tant que Responsable de Services Administratifs. Réduire le délai est le vecteur principal pour une meilleure performance.
Souvenez vous que l’objectif ultime du lean, c’est le flux tendu, l’éradication de tout type de stock et le stock c’est du délai. Choisir de réduire le délai, c’est bien vous mettre en ordre de bataille pour tuer les mudas tels les stocks, les déplacements, les temps d’attente, … bref c’est guérir vos maux et rendre votre organisation plus compétitive.
On a tous appris la différence pour une entreprise entre gérer à la demande et gérer sur stock. Tout dépend évidemment de la comparaison entre le cycle d’obtention des produits et le cycle de vente (= le délai souhaité par le client) Ainsi si le cycle d’obtention est inférieur au cycle de vente, j’achète et produits à la demande, mes coûts sont moindres et mes clients livrés dans le délai souhaité, tout est simple et efficace ! Dans le cas inverse, tout se complique…je dois gérer du stock coûteux et risqué, je dois donc prévoir et plus la différence est grande entre mes deux cycles et plus ma gestion s’avèrera coûteuse. La conclusion simple de ces constats est de tout faire pour gérer à la commande ou y tendre et vu que les clients actuels et certainement futurs n’accepteront jamais d’attendre davantage aujourd’hui qu’hier, votre travail consistera bien à devoir réduire le cycle d’obtention et donc vos délais.
Autre exemple vécu du bénéfice que vous saurez tirer de la démarche consistant à améliorer son organisation en réfléchissant sur les moyens de réduire vos délais. Il y a une quinzaine d’années, je travaillais pour un atelier de mécanique dans l’aéronautique. Dans l’atelier, plus de 100 machines outils organisées en 5 îlots dans lesquels passait une multitude de pièces dont chacune suivaient un process d’une dizaine d’opérations… Nous alors avions beaucoup de mal à livrer toutes les pièces en temps et en heures pour le montage. Face à ce constat, le chef d’atelier fort de son expérience s’évertuait à demander à la Gestion de Production d’augmenter le paramètre temps d’attente devant les machines afin que la GPAO lance plus tôt les Ordres de Fabrication (OF) : le constat qu’il tirait de la situation est qu’il fallait lui donner plus de temps pour finir à l’heure. Moralité : on lançait plus tôt les OF donc l’en-cours augmentait donc les temps d’attente devant les machines aussi et évidemment on avait toujours autant de retard (et on pouvait alors continuer l’inflation des délais…) Evident me direz vous : peut être mais quand vous étalez ce scénario sur plusieurs mois ou plusieurs années, personne pour lever le doigt et dire stop… Heureusement, une nouvelle recrue avec un regard frais proposa de revenir à une situation plus raisonnable : on baissa les délais d’attente dans la GPAO et on suivit via un logiciel d’ordonnancement l’évolution prévisionnelle des temps d’attente devant chaque machine.
On peut alors faire appel à de la sous-traitance pour délester les postes goulots avec très rapidement un baisse des cycles de réalisation des pièces, une baisse des stocks, un atelier plus aéré, des priorités plus faciles à gérer car moins nombreuses, des lancements commerciaux plus vite intégrés…
Conclusion de cette expérience : allonger les délais est bien souvent une décision inadaptée, si vous êtes tenté alors poser vous plutôt la question inverse : que dois je faire pour réduire les délais, vous engrangerez alors des gains insoupçonnés grâce aux actions et plan de progrès qui découleront de cette question.
Ainsi si je reviens à mes questions au démarrage de cet article :
J’ai régulièrement des pièces non conformes dans mon flux, que faire ? Traiter la qualité dans le flux : détecter au plus vite la première pièce non conforme, protéger le flux, examiner immédiatement l’origine et traiter le problème, c’est la rapidité du délai entre détection de la première pièce non conforme et traitement du problème qui réintroduira une bonne qualité dans vos flux.
J’ai trop de stocks dans mes en-cours, dans mes magasins, que faire ? Réduisez vos temps de passage dans vos ateliers, repérez vos opérations goulots ou vos opérations longues puis via analyse (logigramme, flexibilité) trouvez les solutions adaptées. Et pour vos magasins, lancer un plan d’actions de réduction des délais fournisseurs (en commençant d’abord par confronter vos délais dans votre ERP et le délai réel des fournisseurs)
Mes prévisions sur le moyen et long terme sont de moins en moins fiables, que faire ? Lancer un plan d’actions pour réduire le délai d’obtention du produit, les prévisions étant toujours plus fiables sur des horizons courts.
En résumé, le bon déclencheur d’une démarche de progrès d’un process doit bien être la question : que dois-je faire pour réduire mon délai ? Adopter ce principe, vous serez conquis…