Vous l’aurez compris, je ne suis pas un Ayatollah du Lean… Récemment encore je vous alertais sur les risques de faire aveuglément la chasse aux gaspillages qui pouvaient être source de valeur ajoutée…
Je vous propose aujourd’hui d’enfoncer encore un peu plus le clou avec l’analogie de la Tour de Pise…
Imaginez-vous une seule seconde que la tour de Pise ne soit pas penchée… D’après vous : est-ce qu’elle attirerait autant de touristes chaque année ?
Pourtant, à bien y regarder, cette inclinaison génère énormément de gaspillage. Comme vous pouvez le voir sur cette photo et comme vous avez pu vous en rendre compte si vous êtes allé la voir sur place, la tour de Pise est constamment en chantier… Par ailleurs, il aura fallu 14 ans de travaux et 27 millions d’€ pour la stabilisé l’édifice et espérer être tranquille pour les 3 prochains siècles…
Alors que devons-nous conclure de cette anecdote ? Est-ce que l’inclinaison de la tour de Pise est une source de gaspillage ou une source de valeur ajoutée ?
Prenons un autre exemple, c’est celui de l’Aligator, une innovation de Black&Decker :
En regardant de près ces caractéristiques, on peut se rendre compte que l’Aligator ne fait guère mieux qu’un coupe-branche manuel ou une petite tronçonneuse électrique… Et bien, figurez-vous que ce produit fait un carton ! Mieux encore il a créé un nouveau marché sans cannibaliser sur les ventes des coupes branches et des tronçonneuses électriques ! Épatant non ?
A bien y réfléchir, cela n’a rien de surprenant tant cette innovation semble excentrique !
T’es gentil Florent avec tes anecdotes à deux balles… Mais que fait-on alors ? Doit-on réduire les gaspillages ou pas ?
Oui, mais pas tout le temps… Il y a deux cas de figure :
- Soit, vous êtes en mode amélioration incrémentale. Dans ce cas vous partez de l’existant… Il convient donc de faire la chasse aux gaspillages et de simplifier au maximum votre processus (ou votre produit).
- Soit, vous êtes en mode amélioration de rupture (par percée). Dans ce cas, vous allez imaginer un tout autre système. Et là, l’idée c’est de ne réfléchir qu’en terme de valeur ajoutée et surtout pas en réfléchissant aux gaspillages.
Dans tous les cas, il faut conserver de la poésie…
Leonard Koren, dans son livre wasi-sabi (principe japonais qui valorise le caractère et l’unicité, en opposition aux apparences trop lisses), propose le conseil suivant :
Réduisez à l’essentiel, mais n’enlevez pas la poésie ; gardez les choses propres et épurées, mais ne les stérilisez pas.
Et vous, quels sont les produits et processus excentriques que vous connaissez qui sont sources de valeur ajoutée malgré les gaspillages qu’ils entrainent ?