Si vous avez lu l’Antibible du contrôle de gestion, alors comme moi, vous n’avez pas été surpris par le krach boursier que nous connaissons en ce moment !
Dans cet article je vais vous expliquer les concepts issus de l’Antibible du Contrôle de Gestion qui permettent de prendre un peu de recul par rapport à l’affolement général. Ensuite, je vous expliquerai pourquoi je ne suis absolument pas soucieux de mes placements en bourse.
Voici 2 idées du livre qui expliquent parfaitement les évènements qui ne sont pas aussi nouveaux qu’on essaie de nous le faire croire :
La première idée, c’est que les cygnes noirs existent… De fait, il devient vain d’imaginer tout prévoir. Pour rappel, un cygne noir est un évènement hautement improbable qu’il est impossible de prévoir. L’idée c’est de dire que nous pouvons croiser toute notre vie des cygnes en pensant que tous les cygnes sont blancs. A chaque nouveau cygne croisé, nous sommes de plus en plus certains de notre modèle… Or, il peut arriver un jour que nous croisions un cygne noir qui vienne remettre en cause notre modèle…
Pour la chute des cours à la bourse, c’est la même chose, tant que nous n’avons pas connus de chute de plus de 10% dans un laps de temps très court, nous pensons que ça n’arrivera jamais… Puis arrive le jour où la barre est dépassée… Alors forcément ceux qui suivent cela par le petit bout de la lorgnette crient à l’affolement… Mais quand on a pris conscience que les cygnes noirs existent, tout ce tintamarre devient risible.
La deuxième idée est évoquée dans le tout premier chapitre de l’Antibible où je présente les différents critères de pertinence d’un indicateur. Parmi les trois que je présente, il y a le périmètre d’analyse…
Si nous entendons depuis quelques jours que ce que nous vivons n’a jamais eu lieu, c’est que le périmètre d’analyse n’est pas le bon. Pourquoi ? Parce que des chutes de cours il y en a toujours eu ! Et bien d’autres d’une ampleur bien plus importante nous attendent encore. Mais rassurons-nous les chutes seront toujours moins importantes que les hausses qui les suivront.
La raison à cela est purement systémique !
Si nous focalisons notre périmètre d’analyse à la journée où à l’action, comme nous le faisons trop souvent, nous observons des oscillations très fortes comme si nous observions l’écume des vagues… Mais si nous prenons un peu de recul et que nous élevons notre point de vu pour observer les cours sur 30 ans par exemple, alors nous pouvons voir que la chute n’est pas si importante.
La troisième idée présentée dans l’Antibible c’est qu’il faut être attentif au
niveau d’alerte de l’indicateur. L’idée ici est de faire attention à l’utilisation abusive des % et de remettre au goût du jour les valeurs absolues.
Si nous regardons le niveau du CAC40 aujourd’hui, nous pouvons voir que nous ne sommes pas encore descendus (en valeur absolue) en dessous du niveau après la bulle internet des années 2000. Et quand bien même cette barre serait passée, nous aurions du mal à tomber sous le plancher du choc pétrolier des années 80…
Pour résumer, la chute pseudo spectaculaire n’a rien d’original…
Nos observations sont toujours limitées au temps passé… Si nous concevons l’émergence à venir alors nous comprenons que des cygnes noirs puissent apparaître sans prévenir.
Le périmètre d’analyse utilisé par les médias focalise notre attention sur des micros indicateurs (évolution à la journée, avec un zoom sur certaines valeurs atypiques). Avec une étude plus globale, ces variations n’auraient pas la même ampleur.
D’autant plus que nous nous focalisons sur des évolutions en pourcentage, alors que si nous observions les valeurs absolues nous pourrions nous rendre compte que nous ne sommes pas encore descendus en dessous des années 2000 alors qu’à l’époque nous faisons face à une crise de confiance davantage qu’à une crise économique comme celle-ci.
Pour conclure, comme promis je vais vous dire pourquoi je n’ai aucune crainte pour les quelques centaines d’euros (et oui, pour le moment je réinvestis davantage que je ne mets de côté…) ;-D en action que j’ai acheté… Je n’achète que des trackers ce qui me protège des erreurs de gestions commises dans certaines entreprises. Et j’investis à un horizon temporel de 25 ans, ce qui me protège définitivement des petits affolements comme celui que nous connaissons actuellement… Voyez comme je peux être serein !
Et vous, qu’est-ce que vous inspire tout ce tintamarre ? 😉
Avertissement : ne vois aucune volonté d’être désagréable, dans tout débat, il y a des échanges et l’écrit ne rend pas compte du ton et de l’image… Une fois ce point précisé pour bien comprendre que mon objectif n’est pas de polémiquer ou te vexer, et que je suis plutôt quelqu’un d’ironique, voici ma réponse :
Je n’ai pas lu l’antibible du contrôle de gestion mais faire un parralèle avec la bourse me semble pour le moins hasardeux. De façon générale, changer l’échelle (du % en absolu) ou agrandir l’axe des abcisses peut effectivement permettre de relativiser le problème mais ne change rien au problème.
Et je trouve très dangeureux de « nier » un problème sous prétexte que l’on a déjà fait pire (je caricature de façon volontaire) et que comme c’est cyclique on retrouvera un jour les niveaux d’avant. Le Dow Jones a mis plus de 20 ans et 1 guerre mondiale pour retrouver les niveaux de 1929…
« Et quand bien même cette barre serait passée, nous aurions du mal à tomber sous le plancher du choc pétrolier des années 80… » et pourquoi pas ? tu parles bien de cygne noir, non ? là on rentre dans un débat qui n’a plus avoir avec les indicateurs mais plutôt, jusqu’où la bourse peut baisser ? (et je ne crois pas que le Lean peut nous éclaire 😉
Ce type de discours me donnent l’impression d’une fatalité, et qu’il suffit de relativiser, faire le dos rond et d’attendre. Pour moi une entreprise qui nie les alertes (e CA a baissé de 20% mais en absolu on revient juste sur le CA de 2000, donc c’est bon…) = la mort assuré. Un indicateur doit contribuer à l’identification d’un problème, l’élaboration d’un diagnostic et à la prise de décision… Sinon autant ne pas mettre d’indicateur !
Je te rejoins évidemment sur l’utilisation parfois mal avisée des indicateurs (tiens ? comme le Lean…). Bien souvent, beaucoup ne savent pas comment les indicateurs sont calculés, d’où viennent les données et la réalité qu’ils englobent et simplifient. Donc les conclusions qu’on tire sont erronnées…
Bonjour Pierre,
Il n’était pas nécessaire de prendre des gants… 😉
Pour répondre à ta réaction : je suis en tout point d’accord avec toi.
Je pourrais passer en revue chaque élément, mais ça n’aurait pas de sens, car je viens de le dire : je suis totalement en phase avec ton propos.
Plutôt que de donner le sentiment d’un discours de fatalité, je souhaitais plutôt exprimer le fait qu’il est plus important de se soucier de la structure systémique des évènements. Qu’est-ce qui d’un point de vu structurel explique telle ou telle évolution d’indicateur ? (La structure systémique des évènements est le fil conducteur du livre)
Quand j’entends l’actualité, ou même quand j’entends un directeur s’alarmer de l’évolution d’un indicateur, j’enrage ! Pourquoi j’enrage ? Parce qu’on ne parle que des symptômes et on ne cherche que trop rarement à prendre un peu de recul sur la situation.
De mon point de vu, un indicateur qui partirait à la hausse sans que je comprenne pourquoi m’alarmerait autant, sinon plus qu’une chute du même ordre.
Mais je me suis sûrement mal exprimé… 😉
Pour moi, le Cygne Noir, c’est avant tout l’idée que notre champ d’analyse n’est jamais assez global pour être certain d’une quelconque explication du phénomène.
Concernant les valeurs absolues et les valeurs relatives, je pense sincèrement que si nous n’avons pas conscience de la nature des indicateurs que nous analysons, nous prenons à coup sûr le risque de prendre des décisions erronées. Pour illustrer cela dans l’Antibible… Je parle du célèbre syndrome de la grenouille ébouillantée.
Au plaisir de partager avec toi de nombreuses discussions ! 😉
Florent.