Il y a quelques semaine, j’avais publié un billet où je vous expliquais pourquoi il m’arrivait de ne pas me focaliser sur la cause fondamentale… La première cause que j’exposais était la causalité circulaire…
Il existe une deuxième raison peut-être encore plus légitime que la première… C’est l’émergence !
L’émergence c’est le petit truc en plus qui naît de l’interaction entre plusieurs éléments. Par exemple quand vous travaillez en équipe, vous pouvez faire davantage de choses (par la complémentarité des compétences par exemple) que la somme des réalisations individuelles de chacun… C’est ça l’émergence, c’est le fait d’énoncer que dans un système :
S (système) > A + B + C
En contrepartie de cette propriété d’émergence, il y a la propriété de mutilation… Mais ne compliquons pas trop les choses dans un premier temps et restons donc sur cette notion d’émergence.
Je disais donc que l’émergence me faisait parfois éviter de considérer la cause fondamentale comme source première de résolution de problème… Voici pourquoi…
Considérer l’émergence…
- C’est considérer que les évènements de demain ne seront pas nécessairement une reproduction de ce que nous avons pu constater jusqu’à maintenant,
- C’est considérer que les énergies mobilisées vont faire émerger de nouvelles opportunités, de nouvelles solutions, de nouvelles compétences
- C’est se fixer comme objectif d’atteindre la Lune au risque de se suffire des étoiles,
- C’est accepter que le futur n’est pas jamais à isopérimètre du passé…
À partir de ces considérations, les améliorations de processus n’ont pas lieu de porter sur les causes fondamentales, puisque précisément les causes fondamentales sont issues des problématiques du passé. S’attaquer aux causes fondamentales débouchera probablement sur une innovation incrémentale et nous faire passer à côté d’une amélioration de rupture… Car quand on compte sur l’émergence pour améliorer les résultats, c’est tout le système que nous mobilisons pour atteindre l’objectif !
Avec l’émergence, nous traçons un chemin de la moindre résistance vers la réussite du futur… Alors qu’en nous attaquant aux causes fondamentales, nous ne faisons que nous délester des poids du passé… Voyez-vous la différence ? 😉
Quand Sarkozy actionnait l’émergence sans le savoir…
Quand Sarkozy annonce la suppression de la pub le soir pour France Télévision… Tout le monde est certain (lui le premier) que FT va perdre de l’argent… C’est la raison pour laquelle ils avaient prévu des mécanismes de compensation pour récupérer de l’argent des acteurs privés du secteur… Mais c’était sans compter sur l’émergence !
De Carolis a su fixer un CAP à son entreprise et mobiliser toute l’énergie de l’organisation ce qui a permis d’augmenter les recettes de publicité alors même que FT n’avait plus de pub le soir !!! Un comble non ?
Quand le patron d’Hyundai faisait pareil en toute connaissance de cause…
Quand le patron d’Hyundai en 2004 quand a annoncé à un parterre de journalistes que désormais Hyundai garantirait ses voitures pendant 10 ans ou pour 100.000 miles, il ne s’est pas attaqué aux causes fondamentales… Il a inscrit une vision, qui a suscité une émergence en mobilisant toute l’organisation !
Deux outils qui ne sont malheureusement pas universels…
Bien sûr l’émergence, comme la causalité circulaire, ne sont pas utilisables sur toutes les problématiques… Nous ne pouvons y avoir recours que lorsque nous sommes face à des systèmes complexes ! Pour les systèmes compliqués, la cause fondamentale reste le meilleur moyen de résoudre les problèmes…
Je reviendrai demain sur cette différence entre système compliqué et système complexe pour que vous puissiez savoir très exactement dans quel cas utiliser les causes fondamentales et dans quel autre cas, vous devriez vous pencher sur les deux outils que je viens de vous présenter : la causalité circulaire et l’émergence…
Mais d’ici là, n’hésitez pas à me faire part de votre sentiment sur cette notion d’émergence ! 😉