:,: – Article proposé par David JOB, Consultant en Excellence Opérationnelle – :,:
Episode 4 : Une affaire de coût
Pour estimer le coût du projet, j’utilisai le même logiciel que celui pour le diagramme de Gantt.
Étant donné que j’avais estimé quelles allaient être les personnes qui seraient mobilisées et en quelle proportion de leurs temps, le calcul du coût en ressources humaines était relativement aisé ; il me suffisait d’y multiplier leur temps par le coût horaire standard que nous appliquions dans l’entreprise.
Les frais de matériel devaient aussi être estimés, je partis sur la même base que pour le projet 5S, sachant que cette partie du budget serait revue régulièrement puisqu’elle dépendait des actions que nous mettrions en place.
Le coût était d’ailleurs un facteur que nous envisagerons dans les critères de choix des actions à entreprendre.
Quoi qu’il en soit, j’estimai une enveloppe globale de 25 000 euros, que j’intitulai : coût des actions correctives.
C’est à ce poste que l’ingéniosité de Thierry allait pouvoir s’exprimer à son paroxysme.
Je répartis tous ces coûts sur un graphique temporel, afin d’avoir une idée de la répartition des montants. Ce schéma sera crucial pour mon tableau de bord et je calculerai les différents ratios afin de m’assurer de contrôler le budget.
Ma porte s’ouvrit, une tête passa dans l’entrebâillement :
– Daniel, je pars ; si tu t’en vas après l’équipe de nettoyage, tu éteindras la lumière s’il te plaît.
Je n’eus pas le temps de répondre, la tête disparut.
C’était Rosalie qui rentrait chez elle, ce qui voulait dire qu’il était vraiment tard… Elle fermait l’usine d’habitude.
Rosalie était la responsable nouveaux matériaux, elle travaillait en étroite collaboration avec le bureau d’étude et mon département.
Elle avait toujours tout plein d’analyse en route, ainsi que des tests sur la ligne de production, que l’on ne pouvait effectuer la journée puisque monopoliser les machines en plein pic de fabrication n’était pas toujours possible
Il n’était pas rare donc qu’elle quittât les locaux vers vingt-deux heures, vingt-deux heures trente ; comme aujourd’hui.
Je venais donc de réaliser que je venais passer plus de 14 heures dans mon bureau à remplir des grilles de tableurs et des mégaoctets de fichiers issus des meilleurs logiciels de gestion de projet.
J’avais même oublié de m’alimenter… A cette heure tardive, il ne me resterait que la pizzeria de l’angle, mais je n’en avais pas très envie…
Je voulus plutôt mettre les bouchées doubles – ce qui me nourrirait donc ! – afin de clôturer la proposition de projet encore ce soir, puisque demain matin, Roger Goupil me demanderait surement ou cela en était.
Ma copie était quasiment terminée :
Un délai était estimé, des ressources allouées et un budget calculé…
Je devais encore mettre tout cela en ordre afin de rédiger une ébauche de charte de projet en bonne et due forme…
Je passais donc la demi-heure suivante à me relire, mettre au propre et compiler le tout – diagramme de Gantt, plan de ressources humaines, budget – dans un magnifique document, que je relirai chez moi.
Je me frottai les yeux, étendis mes jambes sous le bureau et après un long bâillement dû à un mélange de faim qui commençait à tirailler, de fatigue qui lentement m’envahissait et de relâchement de pression, je déclipsai mon pc portable de sa docking station, le remballai dans mon sac à dos, ramassai mes notes que je jetais en vrac dans mon sac.
J’éteignis la lumière de mon bureau et fermai la porte.
Le couloir qui me menait à la sortie de l’usine était long, je ne croisai personne, pas même le personnel de nettoyage de nuit, qui avaient du zappé mon bureau, me voyant occupé.
Il faudrait d’ailleurs que j’en parle à Christian, le responsable sécurité hygiène…
J’ouvris la porte à rue et le vent nocturne qui me soufflait au visage me fit le plus grand bien, je n’avais pas vu l’extérieur depuis un jour complet.
Je décidai de rentrer à pied, j’avais besoin de faire le vide avant de rentrer chez moi.