Ceux qui connaissent le DMAIC (Définir, Mesurer, Analyser, Innover, Contrôler) du Lean Six Sigma savent que la phase Analyser doit permettre d’identifier les roots causes, les causes racines, les causes fondamentales… Bref les quelques causes qui sont à la racine du problème et qui, a priori, permettent de l’impacter le plus.
Trouver les causes racines semble essentiel à l’issue de la phase Analyser, car c’est ce qui va alimenter la recherche de solution lors de la phase d’amélioration.
Pour mémoire, comment procède-t-on en général…
Pour trouver les roots causes, nous pouvons utiliser plusieurs outils. Le plus connu est certainement le fishbone (l’ishikawa, le diagramme en arrête de poisson…) couplé au 5 Whys.
Le principe : explorer les causes symptomatiques sur le fishbone avec les 6M (Main d’oeuvre, Matière, Méthode, Milieu, Matériel, Mesure) puis remonter aux causes racines avec les 5whys (demander à plusieurs reprises POURQUOI… Et inciter les gens à exprimer les raisons sous sous-jacentes. Une fois qu’il n’y a plus de réponse possible au pourquoi, alors c’est que nous avons identifié la cause racine.
Une fois que nous avons récolté notre moisson de causes racines, alors nous devons identifier les causes qui ont le plus fort impact sur la problématique à traiter… C’est ce que nous appelons les causes fondamentales !
Après cette petite remise à niveau, rentrons dans le vif du sujet… Pourquoi d’après vous, selon moi, les causes racines ne sont pas toujours à privilégier pour améliorer un processus ?
Voici une raison : les causes ne sont pas toujours linéaires… Il arrive qu’elles soient circulaires !
En pratiquant le 5whys, sans le savoir, nous faisons le postulat que les causes sont toutes linéaires… Or c’est faux ! Il existe des causalités circulaires (en spirale pour les puristes). Par exemple si lors d’un repas je commence à parler sur un mauvais ton à un de mes amis… Celui-ci hausse également le ton, ne comprenant pas pourquoi il se fait agresser… Puis je me mets à l’insulter… Et ainsi de suite le ton monte de plus en plus jusqu’à en finir aux mains. La baston devient ici le problème à résoudre… C’est-à-dire faire en sorte que les soirées ne se finissent pas en bagarre.
Si nous nous attaquions à ce problème par sa cause racine, alors nous identifierions que c’est moi la cause fondamentale du problème… Il suffirait donc de ne plus m’inviter aux soirées pour s’assurer que les soirées ne se finissent pas en bagarre… 😀
Mais ici, la causalité est circulaire… Cela peut se remarquer par le cercle vicieux du « moins tu me respectes, moins je te respecte… » Et dans ce cas, comme la causalité est circulaire, le lien de cause à effet peut être rompu à n’importe quel moment, sur l’initiative de n’importe quelle personne.
Si je reviens à mon exemple : dès que je vois que j’ai mal réagi sur mon interlocuteur, il suffirait que je m’excuse de m’être emporté pour que la discussion redevienne respectueuse.
Mais mon interlocuteur pourrait également prendre l’initiative de me dire que je m’emporte et qu’il n’est pas nécessaire de hausser le ton pour poursuivre la discussion…
Vous voyez ce que je veux dire ? Quand nous sommes face à une causalité circulaire, la correction du problème peut se faire sur chaque élément qui constitue la boucle et pas nécessairement sur la cause fondamentale.
A mon sens, il est donc préférable de cerner la nature de la causalité avant de rechercher une solution pour corriger le problème… Car il n’est pas impossible qu’une action soit plus simple à mettre en oeuvre si elle ne porte sur une autre cause que la cause fondamentale…
Qu’en pensez-vous ?
Très bien vu Florent, voir philosophique.
Je pense qu’il faut avoir une approche « test de corrélation » avec l’outil 5 Why pour identifier le lien entre les causes (liens forts, liens faibles).
Merci Hamza pour le retour !
Je dirais systémique, plutôt que philosophique… 😉
La notion de causalit
Bonjour,
Là ou je ne vous suis pas c’est au niveau du postulat :
En cas de baston, un Ishikawa determinerait que c’est vous le problème.
Si c’est le cas, il doit y avoir de nombreuses machines-outils remplacées dans de nombreuses entreprises qui n’ont, en fait, pas de service de maintenance…
Ne pensez-vous pas que c’est plutôt l’analyse du problème racine qui est le point faible ?
Par exemple et pour faire simple : une absence de charte de comportement en réunion ?
N’avez-vous pas la sensation de faire un usage réducteur de la méthode ?
La cause racine n’est pas toujours évidente à trouver et il y a de nombreuses bifurcations débouchant sur un cul de sac.
En l’occurrence, dans ce cas précis, si un Ishikawa débouche sur votre exclusion d’autres bastons seront très vite constatables.
Il faudra alors soit reprendre l’analyse, soit changer de méthode, soit changer l’analysant.