Une des choses les plus difficiles à faire pour rentrer dans « l’état d’esprit » Lean, c’est de voir dans chaque problème une opportunité de s’améliorer.
Sincèrement, à chaque fois que je mets les pieds dans une entreprise qui veut se mettre à l’excellence opérationnelle, je fais toujours le même constat :
Les gens sont sincèrement motivés pour s’y mettre… Mais bien souvent, dès que la méthode révèle des problèmes… C’est fini, on arrête tout !
Trop d’enjeux sur la table… Enjeux financiers (la peur de réussir), enjeux politiques (ça la fout mal de montrer que le gain le plus important est sous le pied de celui qui s’est auto désigné pour mener le premier projet, car il veut se montrer exemplaire devant sa hiérarchie… Mais si le gain est si important, alors cela signifie qu’il n’a rien fait jusqu’à maintenant pour résoudre le problème sous-jacent).
Bref, vous voyez l’idée. Dès qu’on énonce le mot « problème » dans une entreprise, tout le monde se cache de peur d’être désigné comme le fautif. C’est donc un premier gros challenge que de voir les problèmes comme des opportunités de s’améliorer, y compris dans les entreprises très volontaires sur la démarche.
Mais pour ce problème de représentation des problèmes comme pour les autres problèmes de l’entreprise, le Lean a un outil !Cet outil est un mode de représentation d’un problème.
Dans le Lean, on estime qu’il y a une situation idéale… Ce peut être la 1ère position de l’entreprise sur un marché, le 0 défaut en sortie de ligne, le 0 retard sur le paiement des factures… Bref, une situation idéale à laquelle nous aspirons.
Une fois cette situation idéale identifiée, alors il convient de regarder où on se situe actuellement…
Et c’est l’écart qui sépare cette situation actuelle de la situation idéale qui est ce qu’on appelle un problème à résoudre.
Alors, bien sûr on peut en rester là et se dire que c’est une belle façon de voir les choses, mais qu’au final cette idée relève simplement d’une question de sémantique…
C’est faux ! Pourquoi ? Car cette représentation que nous avons des problèmes va conditionner la mise en action pour le résoudre.
Si on reste dans la vieille image du problème qui est défaut actuel de l’organisation, alors cela induit implicitement qu’il y a un coupable derrière ce problème. Et que s’il n’y a pas de coupable direct, il y a au moins un coupable par omission qui a oublié à un moment d’alerter l’organisation sur ce point. Bref, quand le problème est perçu comme quelque chose de malsain, on évite de trop en parler de peur de s’en voir affecter la responsabilité. Au mieux, on va tenter de le résoudre seul en priant pour que personne ne s’en aperçoive. Dans ce cas, je ne vous parle même pas des effets dévastateurs que cela peut avoir sur les voisins de résoudre un problème localement.
Avec l’écart qui sépare la situation actuelle de la situation idéale, on se focalise sur le potentiel à venir plutôt que sur les erreurs passées (j’en profite pour dire qu’un problème est le plus souvent issu d’un changement de contexte davantage que d’une erreur humaine…).
Toute la richesse de cette représentation est donc sa capacité à inviter à être meilleurs et de nous projeter dans un idéal futur plutôt que d’avoir à faire le constat que nous avons des lacunes à corriger avant d’être bons !
Je ne connais pas votre sentiment vis-à-vis de cette représentation mais, personnellement, avant de la voir je me forçais à penser qu’un problème pouvait être une opportunité de s’améliorer, maintenant, j’en suis convaincu ! 😉
J adore ces petits articles qui me font toujours réfléchir sur ma façon de gérer et d’apprehender mes projets. Merci Florent de nous permettre de reprendre de la hauteur avec ce genre de petits billets.
De mon côté, j’aime beaucoup voir ces écarts entre représentation et réalité comme une baleine …
On la mange par petit morceau.
Le tout est de commencer et de faire confiance.
Merci Frank.Lean, j’espère rester toujours aussi intéressant… C’est pas tous les jours facile ! 😉
Tu as raison Yves… D’autres y voient un éléphant… Ça dépend des goûts ! 😉
Je suis d’accord, en fait il faut changer la perception des choses et surtout arrêter de toujours chercher un coupable.
En entreprise c’est souvent le cas malheureusement, on préfère identifier un coupable plutôt que de s’occuper du problème à résoudre et de chercher comment s’améliorer. Tant que c’est la faute de quelqu’un, l’organisation entière n’a pas besoin de se remettre en question…